Thank you for the news. Well, unfortunately no big surprise... Here I found another pretty interesting interview, from last month : http://www.letemps.ch/Facet/print/Uuid/82d...ussia_with_love The separation is mentioned by the journalist, not by Natalia herself. No details at all. Lots of interesting and moving tidbits about her childhood. philanthropie mercredi4 mai 2011 Natalia Vodianova, from Russia with love Par Par Isabelle Cerboneschi L’incroyable histoire de ce supermodel, qui s’apparente à un conte de fées à l’ancienne, a déjà été abondamment commentée, mais dans sa bouche, elle prend une autre tonalité, plus en clair-obscur. En juillet prochain, elle donnera un bal dont le bénéfice ira à son association philanthropique Naked Heart. Quarante-deux couturiers et designers ont dessiné chacun une robe spécialement pour elle, qui sera vendue aux enchères. Comment une jeune femme qui est passée du rien au tout, qui a transformé ses manques en ressources a décidé de donner à son tour. Rencontre Ce qui frappe chez Natalia Vodianova, c’est cette manière intense avec laquelle elle harponne votre regard de ses yeux bleu glacier, pour ne plus le lâcher. Il faut le soutenir, ensuite, ce regard, même quand elle raconte une enfance miséreuse, qui fut celle de nombreux autres enfants russes dans les années 90. On a raconté dans toutes les langues l’histoire de cette petite marchande de fruits et légumes, née à Nizhnii Novgorod en 1982, qui fut découverte à 16 ans par un «scout», un de ces découvreurs de mannequins parisien, qui a signé avec Viva Model Management l’année suivante et est devenue un des supermodels les mieux payés de la profession, la plus belle femme du monde, selon Tom Ford, et l’épouse d’un aristocrate anglais, Lord Portman, à l’âge de 19 ans (dont elle vit séparée). On l’a racontée comme si elle était l’incarnation de My Fair Lady, sauf que le monde d’Eliza Doolittle n’a rien à voir avec celui de Natalia Vodianova. La réussite, la notoriété, l’argent, trois enfants (Lucas, Neva et Viktor), une maison dans le Sussex, un appartement à Paris, un loft à Manhattan, tout cela fait partie de sa réalité d’aujourd’hui. Le manque, la pauvreté, le froid, la honte, l’abandon par son père alors qu’elle n’avait pas 2 ans font partie de sa réalité d’hier. Dans sa famille, on ne possédait pas grand-chose, pas même de licence pour vendre des fruits. Il faut une puissance intérieure, une sacrée foi en la vie pour passer d’un extrême à un autre, sans y perdre son âme. Sans s’y perdre tout court. Natalia Vodianova possède cette faculté de transformer ses manques et ses blessures en ressources. Il n’y a rien à jeter dans sa vie, à l’écouter: tout lui est utile, car tout peut être transformé, tout peut lui servir et être mis au service des autres, et tout est digne d’être aimé, l’ombre comme la lumière… Après la prise d’otages dans l’école de Beslan par des terroristes tchétchènes en 2004, où plus de 300 otages ont trouvé la mort, elle a pris la décision de créer des parcs de jeux en Russie. En 2005 elle a créé sa fondation caritative Naked Heart*. Aujourd’hui, elle désire passer à la vitesse supérieure: son nouveau programme, «Tous les enfants ont droit à une famille», a pour but d’aider, de conseiller et d’accompagner les familles d’enfants handicapés mentaux ou moteurs. Parce qu’en Russie, pour les enfants handicapés, il n’y a guère d’alternative au placement en institution. Elle souhaiterait au contraire qu’ils puissent vivre en famille, comme ce fut le cas pour Oksana, sa jeune sœur handicapée. Et son programme est là pour les y aider. Lors du dernier gala de charité qui s’est tenu à Moscou en mars dernier pour les 5 ans de la fondation, les fonds récoltés ont atteint 1,4 million de dollars. En juillet prochain, aura lieu près de Paris un grand événement, baptisé le White Fairy Tale Love Ball. Quarante-deux couturiers et stylistes ont créé à cette occasion une robe, qu’elle a portée lors d’une séance photo mémorable avec Paolo Roversi. Nous l’avons rencontrée le lendemain. Chanel, Dior, Louis Vuitton, Prada, Lanvin, Diane von Furstenberg, Oscar de la Renta, Roberto Cavalli, Vivienne Westwood, Giambattista Valli… tous ont participé, jusqu’à Valentino Garavani qui a repris le chemin des ateliers pour elle. La belle a le talent de savoir rallier à sa cause tout le monde, une cause soutenue de manière très discrète par les maisons Guerlain et Louis Vuitton depuis 2008 grâce à des donations annuelles. Trois heures d’entretien ne suffisent pas pour embrasser vingt-neuf ans d’une vie contrastée comme celle de Natalia Vodianova. Mais cela permet de saisir l’essence du personnage et de comprendre l’énergie qui lui permet de se redresser, toujours. Rencontre avec une femme capable de causer des tremblements de magnitude 8 sur l’échelle du cœur… Le Temps: C’était difficile de vous attraper. Vous êtes toujours entre deux villes. Natalia Vodianova: Oui, à tel point qu’il est très difficile pour moi d’apprécier quoi que ce soit. Après Moscou, je suis rentrée à la maison pour passer deux jours avec mes enfants et je me suis immédiatement envolée pour la Chine pour une semaine. Je n’ai jamais vu la couleur du jour. J’ai fait toutes mes interviews à l’hôtel et je n’en suis même pas sortie. Et à mon retour de Chine, j’ai enchaîné avec trois jours de shooting à Paris… – La première fois que je vous ai vue, c’était lors d’un défilé haute couture Chanel en 2003. Vous étiez la seule qui mangeait en coulisses et qui souriait pendant le défilé… Je souris toujours lors des défilés. Quand j’ai débuté dans ce métier, les filles avaient un style «grungy», porno chic, pas très joyeux. Moi, j’étais tellement heureuse d’avoir eu la chance de pouvoir m’en sortir et de commencer une nouvelle vie que rien n’aurait pu gâcher ma joie! En fait je travaille très dur depuis l’âge de 11 ans. Quand les gens me disent que le mannequinat est dur, que la vie est dure, j’ai envie de leur dire: en comparaison de quoi? Les gens ne savent pas ce qu’ils disent… Je ne leur en veux pas. Chaque personne a son histoire. C’est pour cela que je suis tendre avec les gens que j’aime. – Parce que l’on n’a pas toujours été tendre avec vous? – Ma grand-mère a été élevée durant la guerre avec ses six frères et sœurs, par leur mère. Leur père les avait abandonnés. Ils ont survécu. Ma grand-mère, qui était l’une des plus âgées de la fratrie, a aidé à prendre soin de sa famille. Elle savait ce que travailler dur voulait dire. Or je me souviens qu’un jour, j’étais petite, elle m’a fait honte en me disant: «Comment oses-tu te plaindre? Tu as la chance de vivre dans une période de paix.» Dans un sens, je la comprends… – Votre vie a toujours été décrite comme un conte de fées, mais les contes de fées existent-ils vraiment? – Les contes de fées existent. Je ne serais pas honnête avec vous si je vous disais que ma vie n’a pas été un conte de fées. Mais dans les contes, il y a toujours une fin heureuse: l’histoire de Cendrillon se termine au moment où elle rencontre le prince, et ensuite, selon la formule consacrée «… ils vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs jours.» Mais ma vie n’est pas terminée et elle est bien réelle avec ses hauts, ses bas et ses défis, comme celle de tout le monde. Mais j’ai appris à aimer mes défis, de quelque nature qu’ils soient. – Dans les contes de fées, il y a toujours la présence incarnée du bien et du mal. Qui joue le rôle de la sorcière dans votre vie? – (Elle réfléchit longuement.) La honte, l’humiliation. Les personnes qui vous humilient, la petite voix dans votre tête qui tout à coup doute. C’est ça, le mal, pour moi. Il y a toujours une bataille en nous, comme si tout ce que nous faisions passait devant des juges. Si vos parents, grands-parents, amis vous ont dit des choses difficiles à entendre, cela reste dans votre tête, pour toujours. C’est un défi quotidien de dire à ces petites voix: «Oui, je sais que vous êtes là, je vous entends, mais je ne répéterai pas les mêmes erreurs que vous.» Cela prend du temps. – Vous avez changé de style de vie si radicalement, si rapidement, vous êtes passée de la Russie à l’Angleterre, de la pauvreté à la richesse, du prolétariat à l’aristocratie. Il faut avoir une force, une volonté hors du commun pour réussir ce genre de passage sans y laisser un peu de son âme… – Je n’ai absolument pas changé, c’est tout. Je ne dis pas que cela a été facile, vous me rencontrez dix ans après ces changements. Tout ce qui fait ma vie aujourd’hui m’est familier, mais n’est pas encore tout à fait confortable. Il y a environ un an et demi, je ne savais plus où j’en étais, comme s’il ne me restait plus rien à réaliser. Toute ma vie, mon plus grand défi avait été de gagner de l’argent, c’était une question de survie. Quand j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari, je n’avais qu’une idée en tête: rester indépendante et m’élever à son niveau. Et quand je suis enfin parvenue à cette réussite, j’ai traversé une crise au point d’en arriver à douter de tout. Heureusement que je suis passée par là, pour comprendre que j’avais encore beaucoup à faire, beaucoup à donner! Aujourd’hui, je me sens forte car j’ai compris que l’un des plus beaux cadeaux que m’a fait la vie ce sont mes expériences d’enfance. Je peux les utiliser pour aider les autres. Sinon à quoi auraient-elles servi? Pourquoi serais-je passée par tant d’extrêmes? – Vous ne doutez plus? – Si, cela m’arrive, mais j’ai enfin compris que si j’ai reçu tous ces dons de la vie, mon incroyable bonne santé, mon énergie, l’intelligence du cœur, c’est pour pouvoir accomplir ce que je fais, le mieux possible. Bien sûr, il y a des moments où je trouve que je n’ai pas de temps pour moi. Mais cela ne dure pas. La force, le sentiment d’épanouissement que je ressens en accomplissant des œuvres avec la fondation sont bien plus importants que tout le reste. – A 11 ans, vous vendiez des fruits sur le marché. Mais contrairement à ce que l’on a pu écrire, votre vie n’avait rien à voir avec celle de l’héroïne de «My Fair Lady». – (Elle a un petit rire amer.) Non, vraiment pas. Ma mère a commencé à vendre des fruits au marché pour le compte de quelqu’un d’autre. Comme c’est une battante, elle voulut se mettre à son compte. Or il fallait des autorisations, des documents difficiles à obtenir et qu’il fallait payer. Mais nous n’avions pas les moyens. Donc pour devenir légalement vendeuse, ma mère paya des commissions à la mafia et à la police. Quelquefois ils voulaient plus d’argent et venaient sur notre stand. Et comme nous travaillions dans la rue, n’importe quel type saoul pouvait venir et voler notre marchandise. Ma mère a dû se battre. Il faut s’imaginer la Russie: nous devions être dans la rue par tous les temps, même quand il faisait – 20 degrés, et quand je rentrais à la maison je criais des heures durant à cause de la douleur ou de la peur que mes doigts ou mes pieds ne gèlent. C’était terrible. Mais j’ai la peau dure… – Dure comme la vie? – Vous savez, les années 90 étaient des années très, très difficiles en Russie. C’était la pagaille. On vivait dans la pauvreté. Et la déflation est arrivée: c’était comme si 1000 euros se transformaient en 100 euros. Mes grands-parents avaient économisé toute leur vie assez d’argent pour acheter une voiture, et tout à coup ils ne pouvaient même plus acheter un réfrigérateur! C’est une histoire catastrophique qui est arrivée à un grand nombre de personnes. Beaucoup ont perdu espoir et sont tombés dans l’alcoolisme, la dépression. Naturellement le gouvernement n’avait rien mis en place pour les gens ordinaires. – Même dans les pires moments, aviez-vous le sentiment que votre vie allait changer? – Toujours! Je n’ai jamais douté! Je savais que je n’allais pas devoir me débattre comme ma mère. Elle avait été élevée dans un environnement très différent du mien. Elle était pauvre mais toujours très protégée, aimée, et a reçu le minimum dont on a besoin en famille. Moi, j’étais une survivante: mon père est parti parce qu’on était trop pauvres. Ma mère m’a appris la persévérance: je ne sais pas comment elle a tenu sans se suicider! Elle ne buvait pas, ne fumait pas, elle travaillait, c’est tout. Elle avait été une très belle femme, mais elle a perdu tous ses cheveux, la quasi-totalité de ses dents, évidemment elle ne pouvait pas se payer des soins chez le dentiste. Elle est arrivée à un point où il n’y avait plus d’expression dans ses yeux. Je me rappelle le sentiment d’impuissance que je ressentais, petite fille, ne sachant pas comment l’aider. – Quand avez-vous eu l’idée des terrains de jeux: après la prise d’otages de Beslan? – Avant Beslan, l’idée d’une association caritative ne m’avait jamais traversé l’esprit. J’étais à Moscou, j’ai tout suivi à la TV, j’ai pleuré pendant trois jours. Tout le pays ressentait la même douleur. Je n’arrêtais pas de penser à ce que je pouvais réellement faire, aux besoins des survivants. Je me suis rappelée que mes moments de bonheur furtifs, quand j’étais petite, c’était quand je jouais avec les autres enfants. Ces enfants seront toujours marqués: ils étaient là. Ils ressentiront toujours cette même honte: on ne peut pas être fier d’avoir survécu à un tel événement. Il faut être adulte et très fort pour surmonter ce traumatisme. C’est pour ça que j’ai pensé aux terrains de jeux. Pour ces moments de normalité où tous les enfants jouent ensemble et oublient, l’espace d’un jeu, qui ils sont et ce qu’ils ont vécu. – Vous vouliez construire le premier à Beslan. Que s’est-il passé? – Pour ma première soirée de charité, il y avait environ 450 personnes et nous avons récolté 450 000 dollars. Ce n’était pas énorme, mais c’était assez pour construire un terrain de jeux (ndlr: chacun coûte environ 300 000 dollars). Mais un an et demi plus tard, j’essayais toujours d’entrer en contact avec les autorités de Beslan. Tout le monde avait été touché, tout le monde voulait participer et collecter des fonds. Le gouvernement était submergé d’offres. – Donc vous avez décidé de construire votre premier terrain de jeux ailleurs. – Oui, puisque j’avais l’argent à disposition, j’ai décidé que j’allais le construire dans ma ville natale. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit qui a précédé l’inauguration. Je ne savais pas comment cela serait perçu par les enfants. Et ça a été un énorme succès. J’y suis retournée le surlendemain, la semaine suivante, ma famille s’y rend régulièrement et il y a toujours des enfants qui jouent. Alors j’ai décidé de continuer. Trois ans plus tard, Beslan m’a enfin contactée. Ils m’ont demandé de construire mon terrain de jeux. La boucle se refermait. Ce voyage fut très émouvant. Je suis allée là où la tragédie s’est déroulée. Le lieu où les otages avaient été séquestrés est comme un temple où l’on peut ressentir l’horreur des événements, une très forte énergie. Les enfants avaient organisé un concert pour moi, ils m’ont lu des poèmes… – Vous avez aussi dû apprendre à vous heurter à une bureaucratie compliquée… – Au début cela a été difficile. Spécialement pour le terrain de jeux de ma ville natale. Dès le troisième jour, on a appris que des gens demandaient de l’argent aux enfants pour y accéder! – C’était mauvais pour l’image de votre cause. – C’était terrible! Comme une mauvaise blague. Nous y avons immédiatement mis un terme. Ce racket était organisé par les habitants voisins, des gens très pauvres. Le gouvernement et le maire m’ont dit qu’il fallait que je transfère le terrain au sein d’une école, qui contrôlerait la sécurité, et qu’ainsi il me subventionnerait. Mais je connais le système… A ce jour, nous avons construit 54 terrains de jeux et ce genre de choses arrive encore. Mais il faut persévérer… – Est-ce vous qui prenez l’initiative de trouver des lieux? – Non. Nous attendons toujours d’être sollicités. Dans certaines localités, ces terrains deviennent le centre névralgique où les adultes, comme les enfants, viennent se rencontrer, jouer, discuter. Ce sont de grands espaces d’environ 300 m2. Il n’existe rien de tel ailleurs en Russie. Et même si quelques gouvernements locaux nous contactent juste avant leurs élections, cela n’a aucune importance: pour moi ce qui compte, c’est que les enfants obtiennent leur terrain de jeux. – Cette année, vous avez décidé de lancer un nouveau programme «Tous les enfants ont droit à une famille» pour aider les familles d’enfants handicapés. C’est une cause qui vous touche de très près. – Oui, cela fait partie de qui je suis. Ma sœur est handicapée et il est très difficile de survivre pour un enfant avec un handicap, quel qu’il soit, dans un pays comme la Russie. Beaucoup d’enfants sont abandonnés dans des orphelinats, des enfants handicapés mentaux, moteurs mais également des enfants normaux. Les handicapés mentaux ne survivent jamais, ils se recroquevillent sur eux-mêmes, se renferment à jamais avant de disparaître. Ayant vécu avec ma sœur, je sais à quel point ils ont besoin d’amour, de soins, d’une famille normale, plus que n’importe qui. – Mais votre mère, pourtant, a décidé de ne jamais abandonner votre sœur. – Dans les années 90, les médecins encourageaient les familles à placer leurs enfants. Le système était tel qu’il ne permettait pas aux familles qui le désiraient de prendre soin de leurs enfants. Par exemple, il n’y avait pas de médecins spécialisés, il fallait des stratégies incroyables, de la persévérance, avoir des relations. Or la plupart des gens sont pauvres en Russie. Mais ma mère n’a jamais mis ma sœur dans une institution. Elle a fait ce qu’elle a pu, et c’est beaucoup. Nous lui avons donné de l’amour, un foyer, une famille. Lui avons-nous donné des soins médicaux? Jamais! Nous n’avions pas les moyens. – Quel fut l’élément déclencheur qui vous a donné l’envie de mettre sur pied ce nouveau programme? – L’été dernier un journaliste, Alan Philps m’a envoyé son livre intitulé The Boy from baby house No10** Il relate l’histoire d’un petit garçon, Vania, qui, à l’âge de 6 ans, avait été enfermé dans une maison pour personnes âgées. Sarah, la femme de ce journaliste, qui s’occupait d’œuvres caritatives, l’avait remarqué car il était vif, communicatif, joyeux. Elle ne comprenait pas pourquoi il était dans cette institution. Trois mois après leur première rencontre, l’état de Vania s’était considérablement dégradé. Normalement, personne n’a le droit de rendre visite à ces enfants, mais Sarah avait soudoyé un gardien. Elle a trouvé l’enfant dans une cage de fer, entassé avec d’autres au milieu de leurs excréments. Cela était malheureusement monnaie courante en Russie dans les années 90. J’ai lu le livre. Je me suis effondrée. Alan m’avait envoyé son ouvrage avec un petit mot très simple. Au lieu de me critiquer, comme certains le font, ceux qui ne comprennent pas pourquoi je construis des terrains de jeux pendant que tant d’enfants meurent dans des orphelinats, il nous remerciait ma mère et moi d’avoir su prendre soin de ma sœur et de ne jamais l’avoir abandonnée dans une institution… – Avez-vous rencontré Alan? – Oui. Après la lecture de son livre, je me suis demandé comment on pouvait tolérer qu’un système puisse être aussi faux et aussi inadapté! Vous avez des familles qui ne peuvent pas donner de soins à leurs enfants, qui n’ont aucune aide médicale, pas d’argent, et si ces familles prennent la bonne décision, celle de garder l’enfant, il s’avère que c’est une mauvaise décision. Et le contraire est également une mauvaise décision. Ils sont perdants quoi qu’ils fassent, qu’ils gardent les enfants ou qu’ils les mettent en institution. L’état subventionne 9 fois plus les enfants en institutions que les mères: cela équivaut à environ 900 livres sterling par enfant! Imaginez si on décidait de faire le contraire! Si cet argent était donné aux familles au lieu de le donner aux institutions, elles pourraient avoir une jolie vie. – Savez-vous ce qu’est devenu Vania? – Il a été adopté et vit maintenant aux Etats-Unis avec sa mère. Il grandit comme un garçon tout à fait normal. Il a le même âge que ma sœur. La BBC prépare d’ailleurs un reportage sur lui. – Que souhaitez-vous faire concrètement? – J’ai rencontré toutes les personnes qui ont aidé Vania. J’ai appris comment fonctionnait le système, les erreurs, le peu de soutien du gouvernement. Maintenant que j’ai compris les rouages, rien ne peut m’arrêter. Je veux créer un centre, non gouvernemental, de soutien aux familles en Russie. D’abord destiné à celles qui ont un enfant handicapé pour qu’elles ne soient plus tentées d’abandonner leur enfant et ensuite pour toutes les familles défavorisées. Ces familles ont besoin d’une aide continue. De l’aide sporadique psychologique ou médicale est toujours la bienvenue. Un centre d’informations serait primordial, un endroit qui aiderait les familles à trouver un médecin compétent pour une anesthésie, par exemple. Un lieu où une personne vous dit: «Voilà ce que je peux faire pour vous», c’est tellement réconfortant. Vous êtes considéré, quelqu’un est là pour vous aider, c’est déjà énorme! Je reviens de Moscou où nous avons récolté 1,4 million de dollars. 50% des recettes de ce dernier événement seront consacrés à cette nouvelle fondation. – Vous venez de terminer une série de photos mémorable avec Paolo Roversi, avec des robes créées spécialement pour votre fondation par des couturiers et designers, qui seront vendues aux enchères lors du prochain gala***, à Paris, en juillet prochain. – Oui, nous avons photographié 42 robes autour du thème des contes de fées. Tout le monde a participé, même Valentino Garavani, qui a créé une robe magique avec des plumes d’autruches blanches… – Il y aura aussi une robe de John Galliano. – Oui. La robe est sublime… Je suis évidemment très triste pour John, pour ce qui lui arrive. J’aurais tant souhaité qu’il trouve la force de combattre l’alcoolisme. Parce que je sais ce que c’est: je suis Russe, et j’ai été souvent confrontée à des personnes qui faisaient des choses complètement folles sous l’influence de l’alcool, de drogues diverses. Il ne contrôle plus rien. Je ne le connais pas très bien mais à chaque fois que je lui ai demandé quelque chose, j’ai toujours pu compter sur lui. Ce qu’il a dit ne pouvait pas venir de lui, cela vient d’ailleurs, de son enfance, de quelque chose qui lui serait arrivé… En fait la vie lui apporte un défi qu’il doit maintenant relever, la possibilité pour lui de tout changer, de se réveiller, de se prendre en charge. Les gens qui l’aiment vraiment sont autour de lui… *The Naked Heart Foundation:
[email protected] Tel: +44 7 499 978 58 95 PO Box 67106, London SW11 9DP. Site internet: www.nakedheart.org ** «The Boy from baby house No 10: From the nigthmare of a russian orphanage to a new life in America», Alan Philps et John Lahutsky, St Martin’s Press, octobre 2009 ***Le White Fairy Tale Love Ball, aura lieu le 6 juillet dans le château de Widewille, propriété du couturier Valentino Garavani, dans les environs de Paris. Pour tout renseignement, contacter la Fondation Naked Heart. Retranscription et traduction: Dominique Rossborough Hope someone could translate it, sorry I won't have time enough.